lundi 16 avril 2012

La Mélenkozie : syndrome de déficience du système d’équilibre des organes politiques tendant à le faire pencher sur la gauche



Le point de départ.- Le syndrome commence à produire ses premiers effets perceptibles lors de la campagne électorale de 2012. Alors que l’UMP rassemble les familles gaulliste, démocrate-chrétienne, libérale, radicale sociale et indépendante, c’est bien sur ce même thème du rassemblement que le Parti socialiste tente de se forger, notamment lors de la période de primaires. En effet, pour qui l’a régulièrement suivie, on remarquera nettement la prééminence de cet argument dans ces débats. Pourtant sur ce point, on peut affirmer, sans prendre trop de risques, qu’à gauche, les champions du monde du rassemblement ne sont pas socialistes.



L’ascension du « faux candidat *».- Si un candidat chamboule tout, c’est bien Jean-Luc Mélenchon ! Il crée en 2009, le Front de gauche, rassemblant sept partis son bord – PCF, Parti de gauche, Gauche unitaire, République et socialisme, Convergences et alternative, le Parti communiste des ouvriers de France et Fédération pour une alternative sociale et écologique – et donnant in fine, un poids réel à sa cause. Quelle cause ? Certains parlent de « communisme rénové ». En effet, ce qui donne plus de pertinence à son idéologie c’est son relativisme face à ses collègues de gauche se revendiquant de l’héritage du marxisme, pour certain(e)s même, du trotskisme. Il faut dire les choses telles qu’elles sont, l’atout de Mélenchon dans son domaine c’est de ne plus faire peur. Depuis le début des hostilités, on a bel et bien assisté à une fulgurante ascension de ce tribun, qu’elle se remarque au niveau des sondages, avec la fâcheuse tendance d’usurper la troisième marche du podium à la candidate Front nationale, ou au niveau de l’affluence à ses meetings, avec plus de 100 000 militants à la Bastilles et jusqu’à 120 000 sur les plages de Marseille.


Les clés de la réussite.- Le grand vainqueur de l’élection présidentielle dès le premier tour, serait incontestablement le Mécontentement s’il s'y présentait. Si la tendance est à la déception chez les français, face aux promesses des politiques, ce n’est pas vers la « gauche molle » que vont se réfugier les « déçus du sarkozysme », et ça, le Front de gauche l’a bien intégré. Il conserve alors une idéologie fermement marquée du communisme par ses intentions de redistribution drastique des richesses, en « volant aux riches pour donner aux pauvres » par une imposition limitant les plus hauts revenus à 360 000€ annuels, afin d’augmenter le SMIC  à 1700€ net à terme, de par son image de justicier contre la précarité et le monde financier, j’en passe et des meilleures. Mais il joue sur le terrain de nombre de ses rivaux en captant l’écologie à Eva Joly, l’éducation et l’emploi à François Hollande, le patriotisme à Marine Le Pen. Et comment attirer les flux de l’UMP ? Rien de plus simple que d’atteler les déçus du sarkozysme, prônant révolution et VIème République. Pourtant au cœur de ces réformes, un hic, nonobstant l'irréalisme financier probable, la décentralisation.

Meeting de Jean-Luc Mélenchon à Marseille

L’épreuve.- Petit rappel historique et idéologique. Le communisme est basé sur une idéologie qui vise à terme à aboutir à un système de démocratie directe, dont Jean-Luc Mélenchon ne se cache pas, d’ailleurs, puisqu’il ne cesse de clamer au peuple qu’il prenne le pouvoir. La démocratie directe, c’est non seulement idéologiquement, mais surtout formellement le gouvernement du peuple par le peuple. Chaque décision serait donc le fruit d’un processus d’élection ou de votation. De tels systèmes ont-ils déjà abouti ? Oui, c’était le cas de la démocratie athénienne durant l’Antiquité. Est-il possible de renouveler l’expérience ? La substitution de la voix du peuple au pouvoir public engendrerait la nécessité de rassembler la totalité du  corps électoral pour chaque décision politique importante. Mobiliser quarante-cinq millions de citoyens régulièrement, et baser un système politique à long terme dessus, personnellement, je vous laisse essayer. Beaucoup de penseurs se sont alors penchés sur la question de la réalisation d’un tel principe et beaucoup de résultats convergent : il faut décentraliser l’Etat  à son paroxysme. C’était l’idéologie même des jacobins à la naissance de la République que de créer un Etat fédéral pour mieux appliquer leur système de gouvernement. Aujourd’hui d’ailleurs, c’est la gauche, le PS, qui est au centre de l’activité décentralisatrice. On doit nombre de réformes au Président Mitterrand, notamment dans la loi de 1982, et même actuellement, si le Président Sarkozy tente de limiter le plus possible la décentralisation quitte à en perdre sa majorité au Sénat, représentant attitré des collectivités territoriales, l’opposition persiste bien dans l’orientation décentralisatrice. Seulement voilà, lorsque l’Assemblée des Communautés de France demande à Jean-Luc Mélenchon s’il compte entamer une nouvelle étape de la décentralisation, la réponse formulée est formellement négative. Comment cerner ce candidat assez atypique ?


Les conséquences de la Mélenkozie : l’apparition d’un nouveau candidat centriste, François Hollande.- Finalement rien que sur cette position, Mélenchon laisserait croire à une certaine sympathie sarkozyste. La simple affirmation d’un rejet idéologique ne saurait suffire à prouver  son action dans le sens contraire. Je sens déjà les sourires se hisser sur le côté du visage des droitistes et la haine monter progressivement à la tête des mélenchonnistes. Aucun souci. Le 12 mars 2012, sur TF1 dans l’émission Parole de candidat, retour sur investissement ! C’est alors Sarkozy qui fait du Mélenchon. On parle alors de taxation des exilés fiscaux, lorsque le président-candidat propose l’idée étrangement semblable à celle de Mélenchon, de poursuivre ces derniers et de leur imposer les gains effectués sur les revenus financiers à l'étranger. A ces accusations, Monsieur Sarkozy de répondre que « Si Monsieur Mélenchon dit qu’il préfère le beau temps à la pluie, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais adopter le même point de vue. » Si les sondages donnent systématiquement un Sarkozy-Hollande au second tour de l’élection présidentielle, l’escalade fulgurante du Front de gauche, associée au besoin impérieux de maintenir une balance droite-gauche in fine, déplace le centre d'inertie des médias sur un duel plus Mélenchon-Sarkozy. Avec ses propositions « passe-partout », et les accusations récurrentes de ses concurrents – tant à la primaire socialiste, qu’à la présidentielle – sur son incapacité  à prendre des décisions et à savoir dire non, François Hollande ne se rapprocherait-il pas de la description caricaturale d’un fameux candidat MoDem ?



S. Caliente

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Qui sommes-nous ?

Ma photo
Il serait malhonnête et sûrement très hautain de prétendre à une étude purement objective des phénomènes et des débats politiques, l'essence même de l'analyse humaine résidant dans l'adoption d'un point de vue. C'est cependant en toute indépendance, qu'après pratiquement un an d'absence, L'interrogatoire public revient tenter de déchiffrer et de soulever les questions que posent les débats de société dans lesquels nous sommes littéralement plongés, dans l'unique but de vous informer de faits d'espèce et de vous faire part des interrogations qui nous tracassent. La publicité des comptes que doivent rendre nos plus grands influents est le premier garant de la démocratie.